Gilles Béchet, "Le moulin tourne encore, parfois à toute voilure", Le Soir, 09.12.2005. A Grand-Leez se dresse le dernier moulin à vent en activité du Namurois. Et des histoires de métier, André et Jean les meuniers peuvent vous en raconter. Tant et plus. Au moulin Defrenne, on est meunier depuis cinq générations. André, 84 ans, a mis la main dans la farine en 1948 en épousant la meunière. Il a appris le métier avec son beau-père et n'a plus lâché le moulin qui fait tourner ses ailes à Grand-Leez depuis 1830. Sa plus grande fierté, c'est de continuer à moudre, par plaisir plus que par nécessité. A toute voilure quand le vent souffle. Heureusement, il peut compter sur un moteur électrique pour les jours où Eole est au repos. « Pour emporter les ailes et faire tourner les meules, de 1500 kilos chacune, il faut un vent de 5 Beaufort, ce qui n'arrivait en moyenne que 96 jours par an.» Quand le meunier ne pouvait compter que sur la force du vent, il devait être disponible. Quitte à moudre jour et nuit, jusqu'à fermer les yeux d'épuisement. Voilà d'où vient la chanson : «Meunier tu dors?». Des anecdotes et des histoires de métier, André en connaît des centaines qu'il raconte aux visiteurs du dimanche. «Savez-vous pourquoi ce moulin est percé de deux portes face-à-face?» Avec une seule porte, on serait bien embêté quand le vent vient du Nord et que le passage est bloqué par des ailes qui balaient à 80km/h à ras du sol. Victime d'un accident de travail, il y a quelques années, André a eu les jambes broyées par la transmission. Mais il n'en veut pas à son moulin. C'est même lui qui le tient encore debout. Son fils, Jean, qui respire la farine depuis son enfance poursuit la tradition familiale. Son moulin le tient debout Le rez-de-chaussée, c'est la pièce de travail du meunier. Comme on n'y dort plus depuis longtemps, le lit a disparu sous l'escalier. Pour moudre au vent, le meunier s'asseyait face à la buse en bois qui déverse la farine dans un sac. Passant les doigts dans la farine, il appréciait la finesse de la mouture. Le meunier est un homme de toucher et d'oreille. Comme un marin à la barre de son voilier, il actionnait des cordes pour régler l'écartement des meules en fonction de la force du vent. «L'oreille est essentielle pour détecter les bruits anormaux du mécanisme. C'est pour cela que mon beau-père a pu continuer à travailler quand il est devenu aveugle.» L'étage des meules, enfermées dans leur coffrage de bois, c'est la salle des machines avec au centre le puissant axe de bois qui s'élance jusqu'au toit. Dans une petite niche, une effigie de Sainte-Catherine veille sur la mouture. En levant les yeux, on voit l'impressionnante roue dentée qui fait tourner le toit du moulin. De là-haut, au début du XXe siècle, Jean Defrenne, 3e du nom, comptait encore dix-sept moulins plantés dans le paysage. Aujourd'hui, on en compte une trentaine en Belgique, dont une poignée seulement continuent à moudre. Avec ses 300 kilos à l'heure pour deux meules, un moulin à vent ne peut rivaliser avec une minoterie industrielle qui peut pulvériser jusqu'à 56 tonnes à l'heure. Comme souvent, c'est la quantité au détriment de la finesse. «La mouture industrielle échauffe la farine. Ici il n'y a qu'un seul passage, en douceur. Avec du pain frais, on ne perçoit pratiquement pas de différence, mais la farine artisanale donne au pain rassis de deux ou trois jours un délicat goût de froment.» assure Jean. Le meunier n'est pas prêt de fermer l'oeil. PRATIQUE Où? Moulin Defrenne, 36, rue du Moulin-à-Vent, 5031 Grand-Leez Tel : 081/64 07 50 Y aller. Compter 60 km depuis Bruxelles. Accès fléché par la N29 (à 5 km de Gembloux). Sortie 11 sur l'E411. Activité. En basse saison, la visite du moulin est limitée aux groupes de trente personnes minimum, uniquement sur rendez-vous. Mais le dimanche, à 16h30, visite individuelle possible. Et la taverne est ouverte tous les dimanches dès 14h30. On y est accueilli par les meuniers qui proposent, entre autres, des tartines de pain-maison et des tartes campagnardes. Corinne Bodart, "Un bon truc à connaître: épouser la fille du meunier . Grand-Leez", Le Soir, 22.09.1999. Datant de 1830, et classé monument historique depuis 1962, le moulin de Grand-Leez (Gembloux) est le dernier moulin à vent en activité dans la province de Namur. Et ce, grâce à la volonté de la famille Defrenne qui, de génération en génération, n'a jamais cessé de faire tourner les ailes et les meules de son patrimoine. Le moulin de Grand-Leez a toujours appartenu à la famille Defrenne, explique André Loise-Defrenne, meunier. Depuis 170 ans, le métier de meunier se transmet de père en fils. Dans mon cas, de beau-père en beau-fils. Je représente la cinquième génération de meunier. Mon fils, la sixième. Et j'espère bien que ma petite-fille sera la septième génération! André a presque 80 ans et cela fait plus de 50 ans qu'il moud du froment. Aujourd'hui, cette activité seule ne permet plus de subvenir aux besoins d'une famille. Aussi, lui et sa femme ont-ils décidé d'ouvrir les portes de leur patrimoine. Une activité qui leur permet de vivre et surtout de faire vivre leur héritage. Tous les dimanches, nous ouvrons les portes du moulin aux visiteurs. Parfois ils sont huit, parfois ils sont cinquante. Le reste du temps, nous ouvrons sur rendez-vous pour les groupes et les écoles. Bien que ce soit maintenant Jean, le fils d'André, qui s'active autour des meules en pierrelors des visites, c'est toujours son père qui fait les commentaires. Mon fils m'a dit: «Tant que tu es là, tu parles». C'est ce que je fais Vous savez, le métier de meunier, ça ne vous lâche pas. On a ça dans le sang. Un vrai meunier est amoureux de son moulin et de son travail. Pourtant, ce travail lui aura coûté une jambe. Mais pas son sens de l'humour. Lorsqu'on lui demande, pendant une visite, comment il a fait pour avoir un moulin, sa réponse fuse instantanément: J'ai épousé la fille du meunier. Renseignments et réservations au 081-64.07.50.
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Ode du moulin à son meunier
L'autre jour, je passais près de ton moulin Le vent, dans ses ailes, chantait ce refrain: André, mon cher André, toi qu 'incidemment j' ai meurtri, Je veux que tu saches que mon amour pour toi est infini, Quand, chez moi,avec ton coeur tu reviendras, Vers toi, toute l' âme du moulin s' envolera, Les amis du moulin sont tous tes amis, Ils n' attendent qu 'une chose, que tu sois vite rétabli, N' oublie pas non plus que ta famille t' adore, Que leur amour pour toi est plus fort encore, Ton fils, avec courage, d' une mort certain ta sauvé, Grâce à lui, longtemps tu regarderas encore mes ailes tourner, Ton moulin qui t' attend, les ailes ouvertes.
Composée en octobre 1995 par Gaston Meeuwis pour André Loise hospitalisé suite à un accident
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Monsieur André LOISE Résidence: Gembloux °Date de naisance: 28.08.1921 (Grand-Leez) +Date de décès: 08.07.2011 (Gembloux)
Le soir venu, Jésus dit : "Passons sur l'autre rive". Saint Marc
Michel et Monique POLOMÉ-LOISE, Jean et Simone LOISE-VANDERAVERO, ses enfants; Delphine POLOMÉ et Michaël BARREAUX, Dimitri et Stéphanie HENROTTE-LOISE, Jean-François POLOMÉ, ses petits-enfants; Emma et Tom JACQMIN, Léo HENROTTE, ses arrière-petits-enfants; Les familles LOISE, DEFRENNE et apparentées ont la profonde tristesse de vous faire part du décès de
Monsieur André LOISE veuf de Madame Jeanne DEFRENNE né à Grand-Leez le 28 août 1921 et décédé à Gembloux le 8 juillet 2011.
La messe de funérailles, suivie de l'inhumation, aura lieu en l'église de Grand-Leez, le jeudi 14 juillet à 10 heures 30. Réunion à l'église. Un ultime témoignage de sympathie pourra lui être rendu au funérarium II des Pompes funèbres Libaux, salle mortuaire C, rue Gustave Masset, 33 à Gembloux, ces lundi 11, mardi 12 et mercredi 13 juillet de 17 heures à 19 heures. 5030 Gembloux, rue de Lonzée, 189. 5031 Grand-Leez, rue du Moulin à Vent, 38. Source: L'Avenir, L'Avenir (Le Jour)
Literatuur
Sources imprimées / Gedrukte bronnen L'ami de l'Ordre (journal), 01.08.1900 (feu du moulin)
Ouvrages / Werken Philippe Vandermaelen & Dr. Meisser, "Dictionnaire géographique de la province de Namur", Bruxelles, 1832, p. 166. Lieven Denewet, "De prachtige restauratie van de "Moulin Dufrenne" te Grand-Leez: de laatste volledige windmolen van de provincie Namen", in: Molenecho's, XIX, 1991, nr. 1, p. 8-11; John Verpaalen, "Molennieuws van her en der [Zingem, Balegem, Grand-Leez, Sint-Lambrechts-Woluwe en Wildert], in: "Levende Molens", jg. 8 (1986), nr. 8, p. 62-63, ill.; Maurice Durviaux, artikel in het tijdschrift "Chez nous à Grand-Leez`, nr. 72, 1999. "A la recherche du temps passé - Les moulins d'autrefois", in: Le Sillon Belge, 25 mai 2007, p. 10, ill. "Au souffle du vent tournent les ailes du moulin de Grand-Leez", Silon Belge, 21.03.2008. John Verpaalen, "Ernstig ongeluk op molen van Grand-Leez", Levende Molens, 1996, nr. 2 (feburari). John Verpaalen, "Dankwoord André Loise", Levende Molens, juli 1996. Gilles Béchet, "Le moulin tourne encore, parfois à toute voilure", Le Soir, 09.12.2005. Corinne Bodart, "Un bon truc à connaître: épouser la fille du meunier . Grand-Leez", Le Soir, 22.09.1999.
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