Joseph Tordoir (président du CHAW), "Le moulin de Bierges en 1815", L'Avenir, 30.06.2015.
Le moulin de Bierges en 1815.
En juin 1767, Jean-Baptiste Hayez, sous-directeur de l'Académie militaire de Bruxelles, avait acheté le moulin seigneurial de Bierges à Eugyne Ferdinand, marquis de la Puente (1759-1807), seigneur de Bierges et de Limal, qui s'en était séparé en raison des difficultés financières qu'il rencontrait à l'époque. La transaction n'avait été considéré définitive qu'en mai 1768 et, dès l'année suivante, Hayez s'était attelé à la restauration du moulin qui lui avait été vendu en ruines, tout en plaçant un meunier à la tête de son exploitation. Jean-Baptiste Hayez et son épouse Marie-Catherine Malfait étant décédés durant l'année 1811, le site échut en partage, le 26 novembre 1814, à leur fils Jean-Joseph Hayez, avocat à Bruxelles.
Deux moulins
Il consistait, à l'époque, en deux moulins, à farine et à écorces, établis sur le Dyle avec leurs dépendances. Le moulin destiné à moudre les écorces, situé sur la rive droite de la rivière, était bâti en briques et était surmonté d'un étage et d'un grenier couvert en ardoises, l'autre, également bâti en briques, servant à moudre le grain, était localisé sur la rive gauche.
Le bâtiment abritant ses ustensiles joignait une habitation comportant cinq places au rez-de-chaussé et trois petites chambres sous toit. Le bâtiment était flanqué d'écuries pour vaches, de trois ranges de cochons et d'une remise. Ces bâtiments, eux aussi bâtis en briques et couvert en ardoises, étaient voûtés, tout comme la brasserie de genièvre et l'écurie des chevaux surmontés d'un étage et d'un grenier. Un petit étang existait dans je jardin de la propriété. Telle était donc, à l'époque de la bataille des 18 et 19 juin 1815, la configuration des lieux, exploités depuis 1810 par le meunier François Josse De Raedt.
L'attaque du moulin de Bierges
Deuxième épisode du récit de la bataille de Wavre les 18 et 19 juin 1815 avec l'attaque du moulin de Bierges et son histoire. Selon Auguste Wagner, le 18 juin, dès avant 14h30, la défense des moulins de Bierges avait été confiée à 2 compagnies du 2e bataillon du 14e régiment d'infanterie prussien. Le pont en bois permettant de traverser la Dyle à leur hauteur était encore entier à cette heure. Vers 14h20, il avait encore été emprunté par les troupes prussiennes du lieutenant-colonel von Sohr qui venaient d'évacuer les bois de Lauzelle après y avoir freiné la progression d'une partie de l'avant-garde française. Peu de temps après que ces hommes eussent regregané la rive gauche de la Dyle, le pont avait, semble-t-il, été en partie détruit et les bâtiments partiellement incendiés, sans doute ceux de la rive droite. La défense du site avait ensuite été confiée à la 11e compagnie du 31e régiment d'infanterie prussien chargée tout spécialement d'empêcher toute traversée de la Dyle à cet endroit. Ces troupes bénéficiaient de l'appui des six canons de la batterie à cheval n°20, placés surune hauteur en arrière du site, et pouvaient disposer du soutien du 2e bataillon du 6e Kurmark Landwher dissimulé, à quelques distances, dans un petit ravin. Selon le colonel de Bloqueville, le général Van Damme, commandant du 3e corps d'armée françqis, tout en tentant de passer la Dyle sur le pont de Wavre, avait fait attaquer le moulin de Bierges, à la demande du maréchal Grouchy, par un bataillon de la division Lefol. Toujours selon ce même officiier, vers 16h30, ce mouvement était en cours, mais le site était défendu par des fossés et des marécages qui en rendaient l'approche impossible.
Comme devait le souligner le général Gérard, aux alentours, les prés marécageux formant l'espace compris entre le pied des hauteurs de la Dyle étaient coupés, en lignes parallèles à la rivière, de fossés très profonds et trop larges pour être franchis. Ils étaient remplis de 4, 5 et 6 pieds d'eau. Selon le capitaine Thouvenin, attachée à l'état major de l'artillerie du 4e corps d'armée chargé, plus tard dans la soirée, de reconnaître la Dyle en amont du moulin, celle-ci était gorgée par les pluies et présentait une largeur d'environ neuf mètres, ses rives parallèles, peu élévés, lui donnant l'apparence d'un canal bourbeux. Son cheval s'y était enfoncé jusq'à la ceinture et n'avait pu en être extrait qu'avec l'aide de plusieurs voltigeurs.
Le général Gérard se blesse
Sur ordre du maréchal Grouchy, vers 18 h, après le retrait demandé de la division Lefol, le général Gérard, commandant du 4e corps d'armée, avait lancé un bataillon du 9e régiment d'infanterie légère à l'assaut des moulins. Cette attaque avait été personnellement conduite par le général Hulot, commandant de la division à laquelle appartenait le 9e léger, mais elle s'était conclue sur un nouvel échec. Le général Gérard avait ensuite pris la tête d'un troisième assaut, menée par un autre bataillon de la division Hulot. Gièvement blessé durant l'attaque, Gérard avait été évacué du champ de bataille et le général Baltus, commandant l'artillerie du 4e coprs d'armée, avait refusée de le remplacer à la tête de la manoeuvre malgré un ordre formel donné par le maréchal Grouchy.
Ce dernier avait alors conduit personnellemnt l'attaque, mais sans obtenir le succès escompté. Il avait ensuite laissé la divison Hulot face au moulin et s'était porté plus en amont, avec deux autres divisions du 4e corps dans le but de forcer le passage de la Dyle à Limal. La division Hulot avait rejoint Limal le lendemain matin. Le 19 juin, tôt dans le matinée, c'était finalement la division commandée par le général Teste, qui avait mené une nouvelle attaque sur le moulin, cette fois à partir de la rive gauche de la Dyle. Celle-ci avait été couronné de succès, une partie des défenseurs prussiens ayant manifestement abandonnée les lieux face à la progression des troupes françaises dans le coeur de Bierges.
Des bâtiments très endommagés
La nouvelle de la destruction du moulin de Bierges avait rapidement été connue du grand public. signalé d'ailleurs par plusierus journaux de l'époque. Aux dires de l'avocat Hayez, son propriétaire, le moulin avait servi de fort aux troupes prussiennes et, par suite des attaques françaises, avait été détruit et incendié avec tout ce qu'il contenait. Comme Wagner l'a rappelé, certains dégâts avaient en fait été occasionnés par les troupes prussiennes. Tout le bétail du meunier De Raedt avait disparu, tout comme ses meubles et l'ensemble du matériel utilisé dans les deux moulins et la distillerie. Quelques jours après les combats, le roi Guillaume Ier avait visité le site et promis l'octroi d'indemnités tant à Hayez qu'à De Raedt. En 1817, les deux hommes, loin d'être satisfaits avaient encore essayé d'obtnir les autres indemnités qui leur avaient été promises, mais apparemment sans succès. En juin 1818, Hayez n'avait pas encore terminé la reconstruction du site, même si celle-ci était déjà entamée depuis plusieus mois, sinon plusieurs années.
Literatuur
Herman Holemans, "Kadastergegevens: 1835-1985. Brabantse wind- en watermolens. Deel 6: arrondissement Nijvel (A-E)", Kinrooi, Studiekring Ons Molenheem", 1995; M.A. Duwaerts e.a., "De molens in Brabant", Brussel, Dienst voor Geschiedkundige en Folkloristische Opzoekingen van de Provincie Brabant, 1961. J. Martin: "Bierges. Notes sur l'histoire du moulin à eau", in: Wavriensia, t. XXXIII, 1984, 4, p. 125-135. www. vanautgaerden.be Joseph Tordoir (président du CHAW), "Le moulin de Bierges en 1815", L'Avenir, 30.06.2015. Mailbericht Aimé Smeyers, Alsemberg, 01.07.2015.
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