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Taintignies (Rumes), Henegouwen


Algemeen
Collectie
Verdwenen Belgische Molens
Naam

Moulin de Florent
Moulin de Taintignies

Ligging
Florent
7618 Taintignies (Rumes)
toon op kaart
Type
Staakmolen
Functie
Korenmolen
Gebouwd
voor 1219
Verdwenen
na 1833
Beschrijving / geschiedenis

Moulin à vent de Florent attesté à partir de 1219.
Existait encore en 1833.

En mai 1219, le seigneur de Rume approuve le don fait à l'abbaye de Saint-Martin par le chevalier Theodoricus Mollepains d'un quartier de terre à Florent et autorise l'abbaye à construire un moulin à vent sur cette terre qui était tenue de lui en fief: "molendinum ad ventum", sous un cens annuel de deux deniers tournaisiens, à payer dans la quinzaine de Saint-)Remi, au possesseur du fief. Le moulin sera exempt de toute justice séculière.

En juillet 1219, Evrard Rodou, châtelain de Tournai, confirme à l'abbaye de St. Martin la possession de son moulin de Floraing et la convention, faite par Rabdy, seigneur de Rume.

En novembre 1239, Amaury, sigeneur de Landas, ratifie la vente faite à l'abbaye de Saint-Martin par le chevalier Henri de Kikenpoist, qui les tenait de lui en fief, de cinq bonniers de terre à Taintegnies, et grandit à l'abbaye la libre possession de cette terre en paiement de laquelle elle avait concédé au chevalier de Kikenpoist son moulin de Florent.

Jules DEWERT

Bijlagen

La seigneurie de Floraing et les moulins

A l'entrée du village de Taintignies, venant de Tournai, voici Floraing.
Le "Hamel de Floraing" était en 1148, le siège d'une seigneurie comprenant manoir, ferme et terres labourables, relevant de la Salle de Lille.
La Salle de Lille était une juridiction qui avait la connaissance des fiefs de cette châtellenie, soit à l'occasion des hommages au Souverain, des mutations de propriétés, des services dus par les vassaux et autres matières féodales.
Le premier seigneur et censier fut, paraît-il, un moine dont le nom est resté à la ferme actuelle, dite "Ferme de Florent". Son "wez" ou abreuvoir, ses sous-sols et quelques parties des dépendances aux massifs contreforts sont des vestiges de l'ancien domaine féodal.
Le fief de Floraing, "enclave de Flandre en Tournésis", contenait avec dépendances et "terres en relevantes" ou "tenues en coterie" 125 bonniers 1500 verges, le bonnier du Tournaisis équivalant, selon M. Guisset, à 1 hectare 17 ares 32 centiares. Le Seigneur de Floraing se réservait 2 bonniers 400 verges pour usage personnel.
Floraing avait sa loi particulière. Le Seigneur répartissait les impôts et rendait la justice suivant la coutume de la Châtellenie de Lille. Le Sire de Floraing avait sur ses sujets "haute, moyenne et basse justice". On sait que la haute justice donnait droit de juger même les affaires criminelles et de prononcer des peines capitales. Au Seigneur de Floraing appartenait donc le pouvoir de "pendre, houillir, ardoir, enfouir, couper membres, …"
Il y avait à Florent un grand bailli ou officier pour rendre la justice au nom du Seigneur, un sous-bailli et un procureur fiscal. Il n'y a plus trace du "Pilori de Floraing" auquel les condamnés subissaient le supplice de l'exposition et des injures, voire même des coups.
On en connaît seulement l'existence par les vieilles appellations de "Chemin du Pilori et Chemin du Dieu de Giblot". En tant que haut justicier, le Sire de Floraing avait droit à une potence à trois piliers. Selon la voix des "Anciens du village" ces fourches patibulaires se dressaient sur un coin de terrain resté longtemps inculte pour cette cause et dénommé "terre des quatorze cents". A cet endroit, sis à la rue Cavée, aurait eu lieu la pendaison des coupables.
Le Seigneur de Floraing possédait sur ses terres un moulin à vent et un four banal où ses vassaux et manants "estoient tenus d'y faire moudre leur blets pour brasser et faire pains". Tout manant était contraint de s’en servir ; il lui était interdit de faire moudre et cuire ailleurs. L’usage du moulin se payait par un droit de mouture, généralement un seizième ; celui du four par le droit de fournage s’élevant à un douzième de la pâte apportée.
Cependant, malgré ces obligations, la fraude n’a jamais cessé de régner et rares sont les manants de Taintignies qui hésitent à cuire une partie de leur pain sous la cendre du foyer.
Comme aujourd’hui, on pouvait alors tout faire … à condition de ne pas se faire prendre ! Finalement, avec les habitudes de liberté que contractèrent progressivement les manants, chaque famille avait un four lorsque la Convention abolit les banalités le 17 juillet 1793.
L’antique moulin seigneurial de Floraing, s’il eut la vie dure sous les outrages des temps, n’en affichait pas moins sa force et sa résistance. Seul, le violent ouragan qui ravagea l’Europe le 12 mars 1876, en eut raison et dans le mugissement de la tempête s’écrasa le vieux géant de chêne.

Une charte datée de novembre 1239 fait foi de la lointaine existence du Moulin de Florent. L'on y lit : "qu'Amaury, Seigneur de Landas, ratifie la vente faite à l'Abbaye de Saint-Martin par le chevalier Henri de Kikempoist qui les tenait de lui en fief, de cinq bonniers de terre à TINTEGNIES et garantit à l'abbaye la libre possession de cette terre, en paiement de laquelle, elle avait concédé audit chevalier son moulin de Floraing".

Il semble donc qu'à cette époque, le sire de Floraing était le Chevalier Henri de Kikempoist. En 1240, ce même seigneur "échange avec l'abbaye de Saint-Martin, treize bonniers et demi de terre de Tintegnies contre une égale quantité de terre à Tintegnies et Willemeau, appartenant à ladite abbaye".
Un chirographe de 1297 établit que "Monseigneur de Briffoeuil" détient la Terre de Floraing sous Taintegnies et stipule que son métayer et "mouturier" était alors Willaumès dit de Floraing.

Monseigneur de Briffoeuil était le chevalier Allard d'Antoing, seigneur d'Amougies, de Russeignies, … Héritier par sa mère de plusieurs fiefs, il donna à l'ensemble le nom du Fief de Briffoeuil. Ce seigneur épousa Marie Thorotte qui vivait encore en 1315, année où elle figure dans un acte avec le titre de "Madame d'Amougies et Dame de Floreng ou Floraing à Taintegnies". Leur fils Rasse de Briffuel hérite du domaine qui, entretemps, s'était accru d'un nouveau fief car, avant 1336, il est qualifié "Chevalier, Seigneur de Floraing et de Taintegnies".

Le Sire de Briffuel était bourgeois de Tournai en 1342 et y demeurait en la paroisse Saint-Piat. Ses testaments du 23 avril 1348 après Pâques et 21 août 1351 font mention de ses petits fils "le sire de Soriel et Briffaus" et révèlent qu'il s'est marié deux fois. De sa première alliance avec Oeda de Luchin, il eut deux filles. L'aînée, Marie de Briffuel, dite dame de Floraing et de Taintegnies, épousa en premières noces Jehan de Malvoisin d'où issu entre autres, Gérard Mauvoisin dit de Malvoisin qui fut chevalier, seigneur de Sorel, Happlancourt, Garenelle, Floraing.
De sa seconde épouse Béatris de Waziers de la Maison de Wavrin, il n'eut pas d'enfant ainsi qu'il ressort d'un testament que fit cette dame en novembre 1347 à Taintegnies et par lequel elle choisit pour légataires, à défaut de postérité et de parenté très proche, ses frère et sœur bâtards : Colin et Mariien de Waziers.

Comment les Seigneuries de Floraiçng et de Taintegnies se trouvent-elles, en 1370, dans la Maison des Aveules?
Noble Dame Marie de Briffuël de Florench et de Taintegnies, veuve de Jehan de Malvoisin, convole avec le chevalier Jacques de Calonne, dit Rifflart; leur fille Isabiel, devient de par sa mère "héritière de Floraing et de Taintegnies, probablement par suite du décès de Gérard de Malvoisin, son demi-frère.
Or, Jacques de Calonne devenu veuf s'unit à Maigne Davelin, veuve de Jackemes des Aveules dont était issu Jaquemes ou Jacques des Aveules. Ce dernier fut anobli par le Roi de France, souverain du Tournaisis et créé Chevalier à la bataille de Roosebeke où il s'était distingué par sa bravoure.
En 1370, il s'était allié à Damoiselle Isabiel de Calonne. Ce ne fut qu'après la mort violente de son beau-père, assassiné le 23 juillet 1385, par Jacques Buillemont et ses complices, que Jaques des Aveules se titra "Chevalier de Florench et de Taintegnies",fiefs qu'il détenait du chef de sa femme. Le Sire des Aveules avait été reçu bourgeois de Tournai le 28 avril 1371. Son nom figure en compagnie de Bernard de Mauffayt, procureur de paques de Calonne, dans un acte passé en 1378. On le voit encore cité, avec son épouse Dame Isabiel en divers chirographes de la cité, datés de 1401, 1406 et 1415.
J'ai pu consulter, aux Archives du Département du Nord à Lille, divers documents dont un parchemin du 22 mars 1388. C'est un dénombrement rendu par Jaques des Aveules, de son fief de Floraing situé en la paroisse de Taintegnies, tenu de la Salle de Lille.

Il y est écrit que le Moulin de Florent "estoit érigé dès l'an 1388" et dont ci-dessous extrait :
"C'est le rapport que, je Jaques des Aveules, chevalier, Seigneur de Floraing et de Taintegnies, faict à très hault et puissant prinche Monsegneur le Duc de Bourgogne, comte de Flandre, de ma terre et seigneurie de Floraing, gisant en la paroisse de Taintegnies que je tiengs de Mondit Seigneur … de la Salle de Lille … un manoir … gardins … bonniers … et ung moulin à vent …"

Jaques des Aveules mourut à Tournai, le 1er mars 1414 (1415 n.st.) et fut enterré dans la chapelle de Notre-Dame de la Gésine dite de la Verte Priorée, à Saint-Jacques. Il laissa deux fils. L'aîné, Jehan fut bourgeois de Tournai par relief fait le 9 octobre 1395 endéans l'année de son mariage et fit partie de la Magistrature tournaisienne. Il fut "ewardeur" en la paroisse Saint-Quentin de 1409 à 1411 et devint juré en 1413.
Au temps de sa jeunesse, il était plus connu sous le nom de Jehan de Florench que sous celui des Aveules. C'est d'ailleurs comme Jehan de Florench qu'il avait relevé sa bourgeoisie. Le 23 novembre 1397, il fut blessé dans une rixe par Loys du Quesnoy, chevalier Seigneur du Quesnoi,de Braffe, … Jehan de Florench, écuyer, fut sous le coup d'une condamnation en l'an 1400 pour avoir fait rentrer sur le territoire de la ville, Jehan Vrédelot, qui en était banni.
Devenu Chevalier, Jehan de Florench fut de ceux qui assistèrent à la conclusion de la paix faite à Arras entre le Roi de France et le Duc de Bourgogne. Ce fait est relaté dans la chronique publiée par la société de l'Histoire de France, en 1881, par J.Le Fèvre de Saint-Remy.
Il fut Seigneur de Florench ou Floraing et épousa en 1394 Jehane de Hem, issue de la Maison de Bourghelle; veuf depuis 1406, il vivait encore en 1438, ne laissant pas de postérité. La Seigneurie échoit ainsi à son frère Arnould, écuyer, dit de Florench, lequel fut aussi bourgeois de Tournai par relief du 21 janvier 1417. Il était alors qualifié "Ernoul des Aveulles, dit de Florench, escuïer, fils de feu Monseigneur Jaques des Aveules, dit de Florench, chevalier, Seigneur de Taintegnies et de Florench.
Il fut juré de Tournai en 1418 et 1422, éwardeur en 1420 dans la paroisse de Saint-Jacques, où il habitait l'hôtel paternel. On le trouve titré "Chevalier" dans un chirographe de la cité en date du 1436. Arnould des Aveules s'allia à Marie de Coudeborch, dame de Padescot, avoeresse de Thielrode. Cette noble dame testa à Tournai dans la paroisse Saint-Jacques le 1er septembre 1460 et mourut le 2 août 1461, joua de l'approbation de son testament par les "mayeur et eschevins" de la Cité. Les témoins de ce testament étaient : "Maistre Pierre Bancq, pasteur de Notre-Dame à Tournai, Willaume de Cassiel, Jehan Moiturier (originaire de Taintegnies) et Jehan Maresquoix, ceux-ci paroissiens de Saint-Jacques.

 Suivant ses dernières volontés, elle fut inhumée en "habit d'Augustin" dans la chapelle de Saint-Antoine du Couvent des Augustins, rue d'Audenarde :
"eslis ma sépulture en l'église du Couvent des Augustins en Tornay, en la chapelle de Saint-Anthoine, laquelle j'ay fait faire et ordonner devant l'autel de icelle chapelle, en la fosse laquelle y est faicte et machonnée. Itel, je veul et ordonne que, aux despens de mes biens soit fait ung palle de vingt-quatre aulnes de drap noir à tout une croix de drap gris à mettre sur la chivière où mon corps sera mis sus en habit de Augustin, descouvert.
Item, je donne à maistre Jacques Canonne religieux desdits Augustins, une queeulte pointe qui est ouvrée et une belle nappe et ung doublier de ouvraige de Venise".
Dans un chirographe de la cité, on lit encore que le 26 novembre 1459, Jehan de Guignies était procureur de noble dame Marie de Coudeborch, "dame de Florens et de Taintegnies".
Arnould des Aveules et Marie de Coudeborch ne laissèrent qu'une fille et unique héritière. Elle a nom : Clare ou Claire des Aveules, dite de Flourens, dame de Floraing, de Taintegnies, …

En 1465, elle était pour la troisième fois veuve de Roland Alaerts, chevalier Seigneur de Dixmude. Les Archives de Lille conservent d'elle un document du 28 mars 1465. C'est un "dénombrement de la Seigneurie de Florent, tenue de la Salle de Lille, par Claire, dame de "Florent et de Taintegnies" et veuve de Roland, seigneur de Dixmude".
Claire des Aveules n'a pas dû habiter toujours Taintegnies. Elle avait son "Hôtel de Disquemue" à Amiens, où la chronique de l'époque nous apprend qu'elle eut l'honneur de "loger Marguerite d'Autriche, fille de Maximilien, roi des Romains, qui avait été sur le point d'épouser le Roi de France, Charles VIII et qu'une politique ondoyante et diverse renvoyait aux Pays-Bas".
Elle n'eut d'enfants d'aucun de ses maris, "qu'elle survescut longtemps, demeurant en la ville d'Amiens et y passant sa vuidité ès exercices de piété et de charité envers les églises et les pauvres comme on le voit en notre Nécrologe où elle a son obit fondé". (de la Morlière)
Claire de Floraing fut la dernière descendante des Aveules en Taintegnies.
Elle décéda le 22 décembre 1501. Son corps reposait en l'abbaye Saint-Martin aux Jumeaux à Amiens. Sa pierre tombale où se trouvaient sculptées les armoiries de ses trois époux, jointes aux siennes, fut enlevée à sa première destination et employée à former le couvercle d'un puits abandonné, rue de la Porte de Paris, à Amiens. Outre un sujet pieux et les armoiries devant dites, on y lisait cette inscription :
"CHI DEVANT GIT NOBLE DAME CLAIRE DE FLOURENS, QUI EN SON VIVANT FUT FEMME DES DEFFUNCTS ANTHOINE DE HARDANTHUN, MESS. COLART DE MAILLY ET MESS. ROLAND DE DESQUEMUDE, QUI TREPASSA L'AN MIL CINQ CENT ET UN, XXII e DECEMBRE - PRIES POUR SON AME".

Avant de se retirer définitivement en son hôtel d'Amiens où elle termina sa vieillesse, Claire des Aveules vendit ses terres de Florench et de Taintegnies à l'écuyer Jean Arnould Bernard, comme le portent les lettres de "werp et d'adhéritement en faveur dudit Arnould et déshéritement de la dite dame", lesquelles lettres furent retrouvées dans le compte de la curation des biens de feu Louis Arnould Bernard, écuyer, dernier baron de Bernard de Taintegnies, rendu en 1724.
Johan Arnould Bernard entre donc en possession de la seigneurie de Floraing et des fiefs en relevant, en 1483, le 7 juillet. Il acquiert celle de Taintegnies l'année suivante.
Messire Arnould de Bernard, Seigneur d'Esquelmes, de Bailleul, Longpré et autres lieux, avait été anobli par le Roi Louis XI, en février 1477.
La famille des Bernard restera, pendant plus de deux siècles, propriétaire des Seigneuries de Floraing et de Taintegnies. L'écu des Bernard portait : "de gueules à l'épée d'argent, à la poignée d'azur, pommetée d'or, posée en pal la pointe basse, et accostée de deux molettes d'éperons d'or, percées en quinte feuille d'azur".

Le nouveau Sire de Floraing avait pris pour épouse Damoiselle Jacqueline d'Antoing, dite de Rocques. Cette dame testa le 5 mai 1526 et mourut à Tournai le 30 octobre 1528.
De l'Obituaire de l'église Saint-Piat de Tournai, on relève à son sujet :

S'ensuyst ci-après l'ordonnance de la fondation à la glorieuse Transfiguration de Nostre Seigneur Jésu-Crist, que l'on est tenu faire solemniser en cette église paroichialle de Sainct Pyat par chacun an, le sixième d'aoust fondée par damoiselle Jacqueline de Rocques, en son vivant vesve de feu Jehan Arnould Bernard, tant pour les heures canoniales, procession, messe solennelle et sermon"…
Tout en restant sous la coupe des Bernard, la Seigneurie de Floraing - Taintegnies se scinde au cours de la seconde moitié du XVIe siècle. Un des fils de Simon Bernard, l'écuyer Florent, hérite de la Seigneurie de Floraing, laquelle échoit à sa mort, à son fils Maximilien ainsi qu'il appert d'un document du 22 décembre 1617. C'est un "dénombrement rendu par Maximilien Bernard, chevalier, Seigneur d'Esquelmes, Florent, Jollain, Bettignies, de la Seigneurie de Florent". A cette époque, le seigneur de Florent avait pour bailli Gilles Vranck, pour lieutenant bailli Olivier Josson et pour juges cottiers Jean de Blaves, Simon le Plat, Simon le Chantre et Clément du Gardin. Le domaine passe ensuite à Maximilien François de Bernard, qui eut pour épouse Dame Marie-Claire de Berghes. Il décéda en 1562 à l'âge de 32 ans. Sa jeune veuve, tutrice de leur fils Louis-François, releva plusieurs fiefs dont le fief dit d'Esquelmes, en Rumes le 24 octobre 1654 de même que les "Terrages" gisant à Templeuve, propriété acquise en 1610 par Messire Maximilien son grand'père, du prince d'Orange Guillaume de Nassau. Ce fief était chargé de 10 livres de relief du dixième denier et du service en cour.
Esquelmes conserve dans le chœur de sa petite église, deux épitaphes des Seigneurs de Bernard ayant régné sur Florent. La première est en pierre de Tournai, elle a la forme d'un portique à fronton brisé, style renaissance et est surmonté d'une gloire au monogramme IHS, accompagné des armoiries des défunts; celles du mari surmontées d'un casque à lambrequins, les autres en forme de losange dans une couronne de verdure.
"Cy gisent, noble Home Floren Bernard, escuyer, Seigneur d'Esquelmes … lequel trespassa le 27 juin 1596 éagé de 56 ans; et Madame Catherine Bernard, dame de Lucin Berthenies et de Jollain pour moitié, son épouse …trépassa le 13e janvier 1579, éagée de 27 ans".
A droite et à gauche, les huit quartiers des défunts.
La seconde, en marbre blanc, porte en haut les armoiries surmontées d'une couronne à onze perles et supportées par deux griffons, l'épitaphe au centre, et sur les côtés leurs seize quartiers de noblesse.

"Cy gisent …Maximilien François de Bernard, en son vivant, chevalier, Seigneur d'Esquelmes, Florent … lequel trespassa le 25 juin 1653 âgé de 32 ans et Madame Marie-Claire de Berghes, son épouse … 16 octobre 1699 âgée de 74 ans".
Un autre dénombrement de fief du 4 octobre 1695, établit que la Seigneurie de Florent, sise à Taintegnies, est tenue par Louis Frans de Bernard, chevalier comte de Bailleul, seigneur d'Esquelmes, Bettignies, Florent. Ce document qui repose aux archives du Nord, à Lille, est un original parcheminé de huit feuillets, signé et scellé aux armes des de Bernard.
Louis Frans de Bernard était allié à Dame Marguerite Charlotte de Berghes. Au décès du Sire Louis Frans, la hoirie féodale échoit à son fils Charles Alexandre suivant un écrit du 17 janvier 1702. Charles Alexandre épousa en 1706, Marie Françoise de Lannoy, d'où issue Marie-Marguerite-Caroline, comtesse de Bailleul.
Un acte relatif au Moulin de Florent au début du 18e siècle passé devant notaire et touchant la déclaration de ce moulin, avec celui de Bailleul.

Chatellenie de Lille. Du vingt-troisième jour de juin mil sept cent un.
"Est comparu au greffe de la commission pour la confection du papier terrier du Roy des provinces de Flandres, Arthois et Haynaut, Mathias Lemesre, procureur demeurant à Lille, en qualité de procureur spécial de Messire Louis Frans de Bernard, comte de Bailleul, Seigneur d'Esquelmes, Florent, Bethini et demeurant en son château du dit Esquelmes, fondé de procuration passé pardevant Jean-Baptiste Dillies, notaire royal de la Résidence de Lers, Tournaisis … le 7 de may 1701, lequel en ladite qualité et en vertu du pouvoir spécial à luy donné par ladite procuration, déclara satisfaire à l'ordonnance de Sa Majesté et de Mosseigneurs les commissaires pour la confection du papier terrier de ses domaines en date du 4 mai 1700 et du 11 février 1701, que ledit Seigneur comte de Bailleul est propriétaire détempteur et possesseur de deux moulins à vent, à usage de moudre bled, avec chacun un tournant, l'un situé au hamel de florent, paroisse de Taintegnies, érigé passé longues années sur son fief dudit florent, relevant de la Salle de Lille, apparoissant de son antiquité par un extrait du régistre aux rapports et dénombremens en date du 22e de mars de l'an mil trois cent quatre-vingt-huit reposant au greffe du bailiage de Lille, que ledit moulin estoit des lors construict sur ledit fief, aiant entrée du costé bize et du levant, lequel est escheu audit Comte de Bailleul par le trespas de Messire Maximilien Frans Bernard, vivant, chevalier et Seigneur dudit Esquelmes, Florent et autres lieux, son père, en qualité de son héritier principal comme se voit aussi de l'extrait de partage faict par Dame Marie-Claire de berghes, sa mère douairière dudit Esquelmes, l'autre …".

Encore concernant les moulins, voici le texte d'une "procuration pour faire la déclartion des moulins de Bailleul et de Florent, châtellenie de Lille:

Comparut en personne Messire Louis François de Bernard, comte de Bailleul, seigneur d'Esquelmes, Florent, Bettignies, là demeurant en son château dudit Esquelmes de présent en cette ville, lequel comparant a comis constituer et establir pour son procureur spécial la personne de Mre Mathias le Mesre, procureur, demeurant à Lille, auquel il a donné pouvoir pour luy, et en son nom satisfaire à l'ordonnance de Sa Majesté pour la confection du papier terrier de ses domaines, en date du 7 de may 1700 et du II de février 1701 et, à cet effect, former et signer et délivrer deux déclarations de deux moulins appartenans audit seigneur comparant, l'un situé au hameau de Florent, paroisse de Taintegnies et érigé sur son fief relevant de la Salle de Lille, passé de longues années comme il appert d'un extrait des registres aux rapports et dénombremens contenant les rapports et dénombremens dudit fief de Florent en date du un de mars 1383 reposant au greffe du bailliage de Lille et l'autre gisant à Bailleul, lesdits moulins tous deux à usage de moudre bled, avec chacun un tournant et motte, le premier situé au hamel de florent faisant partie du fief et seigneurie de Florent relevant de Sa Majesté à caude de ladite Salle de Lille, ayant entrée du costé de bize et du Levant, lequel est escheu audit Seigneur comparants, par les trespas de Messire Maximilien François de Bernard, vivant, chevalier Seigneur d'Esquelmes, florent et autres lieux, son père; haboutant au chemin venant de Willemeau, allant à la cense de Eurtebise, à la piedsente venant de florent à Fromont et à la Seigneurie dudit Florent et le second, nommé le moulin de l'irondelle, gisant audit Bailleul …".
En 1692, le domaine seigneurial de Florent passe dans l'illustre famille des marquis de Brias par l'alliance de "Noble Dame Alexandrine de Bernard, dame de Bailleul, d'Esquelmes et de Florent" avec Louis de Brias, seigneur de Royou, député général et ordinaire par le corps et la noblesse des Etats d'Artois. De cette union est issu Charles-Louis-François, marquis de Brias et de Royou, seigneur d'Embli, qui épouse la princesse de Croy, chanoinesse de Molembaix. Ils n'eurent qu'un fils : Ferdinand Bernard de Brias, uni à Dame Françoise Valentine d'Esclaibes.

Leur héritier Charles-Eugène-Alexandre Bernard de Brias recueille la Seigneurie de Florent ainsi qu'il ressort d'un dénombrement du 28 décembre 1753 pour faire la déclaration des moulins de Bailleul et de Florent, châtellenie de Lille":
stipulant que la Seigneurie de Florent appartient à Charles-Eugène-Bernard, fils unique de Ferdinand Bernard, de Brias et de feue Françoise-Caroline d'Esclaibes. (Salle de Lille, 2 originaux parcheminés, 12 feuillets).
Charles-Eugène avait épousé en 1750, dame Robertine d'Escalibes également héritière et descendante des de Bernard.
Le magnifique domaine apporté avec lien de majorat dans la famille de Brias, était encore sa propriété en 1868.
Cette même année, ferme, terres et moulins à vent furent vendus à Monsieur François Crombez - Verheyden, père du Sénateur et ancien bourgmestre de Taintignies : Henri Crombez.
En ce qui concerne les impositions et ainsi que dit en cet ouvrage "Florent était assis en taillis par la Châtellenie de Lille".
Au cahier des tailles de cette châtellenie, nous lisons en 1553 :
"Florent, paroisse de Taintignies, pour jardins, prés, bois, pâtures, terres à labeur, moulins, feux, chevaux, vaches et blanches bêtes, occupés et tenus par héritiers, censiers et forains sujets à taille, la somme de 31 florins 18 patars" … suivent diverses énumérations par catégorie avec évaluations des tailles en florins.
A titre documentaire, le revenu d'un bonnier de terre en prés et jardinage était évalué à 12 florins; le bonnier de bois à 2 florins 10 patars; celui des terres à labeur à 13 florins 10 patars.
La dîme y était fixée par estimation à un revenu de 37 florins annuellement. Le Hameau de Florent comptait en 1553, 18 maisons ou feux, 5 chevaux, 24 vaches et 30 blanches bêtes ou moutons.

Le moulin qui appartenait au Seigneur était baillé à ferme pour 50 rasières de blé l'an, mesure de Tournai, la moitié rachetable à l'estimation de 40 patars la rasière.

L'on sait que les revenus des moulins du Seigneur étaient considérables en 1553. Ceci s'explique par l'obligation qu'avaient les manants d'y faire moudre leur blé et de passer ensuite par le four banal pour la cuisson des pains. La redevance pour ces "banalités" était conséquente.
Les enclavements de la Châtellenie de Lille en Tournai, de même que ceux des Etats du Tournaisis en la dite Châtellenie constituaient toutes sortes de difficultés quant à la perception des impôts. Pour obvier à la fraude des impositions, les Etats de la Châtellenie de Lille et les Etats du Tournaisis, se cédèrent réciproquement pour 3, 6 ou 9 ans, les droits d'imposition dans leurs enclaves par actes de cession des 18 septembre 1722, 11 avril 1750 et 1er octobre 1763.

Florent figure dans ces enclaves pour 125 bonniers 1500 verges. Ci-dessous l'acte de cession de 1722 :
"les baillis des quatre seigneurs hauts justiciers, représentant l'état des Châtellenies de Lille, Douay et Orchies ont accordé et accordent par le présent acte, à messieurs des Etats de Tournay et Tournésis, les droits et impost sur le vin, la bierre, l'eau-de-vie et le tabac qui se consommeront dans les enclavements qu'ils ont à Esplechin, Blandain, Guignies … et aux villages et hameaux de … et Florent, pour en jouir pendant le terme de 3, 6 ou 9 ans à l'option réciproque des parties de résilier au bout des 3 ou 6 premières années, pourvu d'en avertir 6 semaines auparavant, à commencer au premier octobre de la présente année, de la même manière et à la même concurrence qu'ils feroient sans la présente cession, savoir : 12 patards pour droits de brasserie et d'égards, 42 patards pour droit dû à la consommation de chaque rondelle de bierre, le tout de la continence de 72 pots, 3 patards sur chaque tonneau de petite bierre, de la continence de 48 pots 20 patards sur chaque pot d'eau-de-vie, 3 patards et demi sur chaque lot de vin et 2 patards à la livre de tabacs : les droits et impôts payables en monnaie coursable dans les ville et châtellenie de Lille, et non autrement, à condition que lesdits sieurs des états du Tournai et Tournésis, leur accorderont réciproquement, comme ils ont fait ci-devant, les impôts de vin, bierre, eau-de-vie et tabac, qu'ils ont droit de lever et lèvent actuellement dans la branche de Lezennes, consistant au village dudit Lezennes, et en ce qu'il est de la dépendance du Tournésis, dans les villages et seigneuries de …, etc. pour en jouir 3, 6 ou 9 ans, à la même option, bien entendu que lesdits baillis ne lèveront, dans les lieux cédés, que les droits qu'ils lèvent dans leurs dépendances, et en même monnaie, sous condition encore que dans les autres enclavements respectifs desdits états de Lille et de Tournay, non compris dans le présent acte, les vins, bierres, eaux-de-vie et tabacs, se vendront au même prix, en observant la proportion des poids et mesures, à peine de 30 florins d'amende pour chaque contravention, pour laquelle les contrevenans seront poursuivables suivant les ordonnances rendues et à rendre pour lesdits sieurs des états de Lille et de Tournay, chacun en droit soi, et au moyen du présent échange, il sera permis aux habitans des mêmes états d'aller boire vin, bierre, brandevin, et prendre consommer tabac dans lesdits lieux enclavés, sans encourir aucune peine.

Le nombre des cantines ne pourra être augmenté dans les pays limitrophes des deux états, sans leur consentement respectif, et lesdits baillis s'engagent de payer ou faire payer auxdits sieurs des états de Tournay et Tournésis, annuellement de 6 mois en 6 mois, la somme de 2400 florins, en la ville de Lille, en monnoie coursable audit lieu et non autrement, sur la quittance ou ordre de leur trésorier.
En foi de quoi, lesdits sieurs baillis ont fait signer le présent acte par leur greffier, et y apposer leur scel ordinaire.
A Lille, le 18 septembre 1722." "J.F.Fruict."
En 1769, une discussion s'était levée entre la France et l'Autriche au sujet de cette partie de Taintignies que la France prétendait comme dépendance de la Châtellenie de Lille.
Par l'article 4 du traité des limites entre ces deux puissances, fait à Versailles, le 16 mai 1769, il est dit :

"Sa Majesté Roi, très chrétien, cède à Sa Majesté l'Impératrice, Reine Apostolique, les enclaves suivants de la Châtellenie de Lille en Tournaisis, savoir : Le Hameau de Florent, paroisse de Taintegnies, de même que tous les petits enclavemens qui peuvent être renfermés dans les villages du Tournaisis, qui sont inconnus; de sorte qu'il n'y aura aucune exception, ni réserve, à la cession réciproque des enclavemens de part et d'autre". C'est de ce jour que date le rattachement de Florent au Tournaisis.
Notons encore que, d'après le registre paroissial de 1789, le Seigneur de Florent avait commis comme "mouleu" le sieur François Joseph Douchy.
Quant au censier, c'était en 1770, Maximilien Landrieu, frère du censier de Longuesault. En 1825, nous y voyons son neveu Pierre Landrieu, lequel avait épousé sa cousine Catherine, fermière de Florent.
En 1858, l'exploitation de la ferme est à Mr Alexandre Merlin et passe dès 1871 à Mr Gaspard Louis Joseph De Rasse.
Pour le spirituel, la Seigneurie de Florent dépendait de la paroisse de Taintignies. Ses morts étaient inhumés en notre cimetière, après instructions des gens de lois ainsi qu'il appert de cet acte de décès dressé en 1771.
"l'an mil sept cent septante et un d' aoust, est décédé subitement en travaillant à son champ, Pierre-François Moutury, âgé de soixante ans, fils des feus Pierre et de Marie-Elisabeth Bonnet, et a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le jour suivant, en exécution de l'ordonnance de Mrs les Eschevins de la Terre et Seigneurie de Florent en présence de ladite épouse et de Marie-Elisabeth Moutury, sa fille, lesquels ont déclaré ne sçavoir écrire ni signer.
Du Pont, curé."

Literatuur

Archives départementales du Nord à Lille, 510 H 72 (acte de novembre 1239).
Chartes de l'abbaye de St.-Martin de Tournai, I, 265 (acte de mai 1219).
Philippe Vandermaelen, "Dictionnaire géographique de la provincie du Hainaut", Bruxelles, 1833.
Armand d'Herbomez, "Histoire des châtelains de Tournai de la maison de Mortagne", Preuves, p. 53 (Mémoires de la société historique et littéraire de Tournai, 25)(acte de juillet 1219).
Gerard Bavay, Patrimoine et histoire des moulins en Hainaut,Inventaire descriptif, Mons, Hannonia, 2008, p. 628 (Annalectes d'histoire du Hainaut, XI).
Jules Dewert, Les Moulins du Hainaut. Tome V. Arrondissement de Tournai, Zulte, Luc Goeminne, 1981, p. 118. Moulins en Hainaut, Bruxelles, Crédit Communal, 1987, p. 119.
Jacques Vandewattyne, "Les moulins tournent encore".

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Laatst bijgewerkt: dinsdag 17 februari 2015

 

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